Dans les années 90, les ordinateurs avaient un niveau graphique globalement plus élevé que les consoles de l’époque. Les Super Nintendo, Megadrive et compagnie savaient faire des jeux très sympathiques (on vous en a présenté quelques uns dans cette rubrique), mais le top du top niveau graphismes c’était le PC. En ces temps immémoriaux, mon ordinateur personnel était censé servir en priorité à mes devoirs de classe… et puis j’ai découvert Day of The Tentacle…
Je ne l’ai su que plus tard, mais DotT est en fait la suite de Maniac Mansion, un classique du point ‘n click édité par LucasArts en 198,7 et sorti en France en 1988. Tournant sur Commodore 64 et Apple II, celui-ci avait connu son succès grâce à une ambiance comico-horrifique du meilleur effet. Une véritable révolution pour l’époque, grâce à son gameplay innovant (possibilité de constituer son équipe, plusieurs fins différentes, etc.). Quel ne fut pas l’enthousiasme des fans quand LucasArts annonça la sortie d’une suite, plus de 5 ans après son chef d’œuvre !
Day of the Tentacle pointa donc le bout de son nez en 1993, sur PC et Mac cette fois-ci. Pour ma part, je me suis retrouvée avec cette grosse boîte cartonnée affublée d’une créature tentaculaire pourpre armée d’un pisto-laser et poursuivant une caricature de geek (grosses lunettes, nœud papillon sur une chemise blanche, pochette à bics et pantalon qui remonte jusque sous les bras). Dès la couverture, on savait déjà qu’on avait un OVNI entre les mains !
La suite fut en effet à l’avenant : une créature effrayante – Pourpre – souhaite rien de moins que conquérir le monde. Et qui va devoir s’y coller pour tenter d’arrêter cette erreur de la nature (du Docteur Fred Edison en fait) ? Je vous le donne en mille : Bernard (issu de Maniac Mansion) un petit binoclard pas très courageux, Hoagie un métalleux bedonnant plutôt taciturne et Laverne, une petite blonde qui a l’air d’avoir ingurgité un tonneau de 5 litres de RedBull au p’tit déj. Quelle fine équipe ! Ajoutez à cela un savant fou et son fils pas vraiment fini, des personnages secondaires tous plus barjos les uns que les autres et vous n’aurez qu’une minuscule idée de la teneur de l’histoire.
Surtout qu’on ne peut pas vraiment compter sur la combinaison de leurs talents, puisqu’un évènement va les séparer : l’un – Hoagie - se retrouve dans le passé, à l’époque de Benjamin Franklin et de la signature de la Déclaration d’Indépendance, un autre – Laverne – dans un futur psychédélique et envahi par les créatures violettes et spongieuses, et le dernier – Bernard – coincé dans le présent avec le savant fou responsable de tout ce mic-mac… mais pas beaucoup mieux loti que ses compères.
L’originalité du titre était donc dans son scénario totalement capillo-tracté, mais aussi dans un humour décapant bourré de références culturelles et magnifié par des graphismes originaux, un peu comme un dessin animé de Cartoon Network. Sur le modèle de l’époque des jeux d’aventure (on devait choisir un verbe d’action puis un objet), devoir faire transiter les objets nécessaires à la résolution des énigmes via des machines temporelles (des WC) entraînait une difficulté supplémentaire, mais aussi des situations plutôt comiques (exemple : on ne peut pas faire voyager des êtres vivants par les toilettes… ça va pas non ?!). Les gags et les situations burlesques se suivent sans se ressembler et c’est parfois un véritable casse-tête pour trouver comment avancer.
Je me souviens d’un trou de souris qu’il fallait peindre en blanc, puis par lequel il fallait faire passer un chat noir, pour que celui-ci – ressemblant du coup à un putois – fasse fuir des voyous qui vous empêchaient d’accéder à une voiture. J’ai aussi encore en tête (j’en ai encore la migraine d’ailleurs) les conversations complètement loufoques qu’il fallait avoir avec certains personnages pour leur faire faire certaines actions. Et ceci n’est qu’un pâle exemples des dizaines d’énigmes qui peuplaient ce dessin animé interactif complètement barré !
Pour moi, Day of the Tentacle m’a prouvé qu’un jeu développé par de véritables passionnés, des joueurs et artistes dans l’âme, cela pouvait donner quelque chose de l’ordre du génie ! Alors, les solutions sur le web n’existaient pas, quand on était bloqué, on était bloqué… eh bien je peux vous certifier que je me suis accrochée des mois durant. J’en ai passé des nuits blanches à essayer de comprendre, influencer une couturière pour qu’elle confectionne le futur drapeau des États-Unis ou comment faire gagner un concours de beauté à une momie. Car c’était ça la beauté des jeux de cette époque : il fallait tellement s’accrocher pour progresser, que chaque avancée était une grande victoire et finir le jeu (on n’en était pas toujours capable) un véritable exploit.
DotT restera donc l’un des meilleurs jeux vidéo jamais conçus dans la mémoire de pas mal de joueurs de ma génération (avec Monkey Island, les Myst et les King Quest !) et c’est donc peu grâce à lui si je suis devenue gameuse…
Date posted: 26 septembre 2012
Ahah, ce jeu, que de souvenirs ! Je me remémore ma pauvre maman coincée dans des situations WTF et je la regardait faire des trucs tout aussi zarbs pour s’en sortir. Je voulais faire comme elle, en lui piquant ses sauvegardes et essayant de refaire des passages qu’elle avait déjà fait mais en vain, je serais jamais aussi douée qu’elle pour les énigmes, c’est la meilleure ^^
Je l’avais rechoppé sur Abandonware mais j’ai jamais pris le temps de me poser dessus sérieusement. Faudrait que je remédie à ça. C’est que j’ai grandie depuis, j’suis sûre que je peux y arriver moi aussi !
Sinon, je voudrais savoir s’il est possible de rejoindre votre team? Je suis moi-même gameuse à plein temps et ça me plairait beaucoup de pouvoir partager cette passion avec vous =)
Salut Stitch Lips,
Très flattées
Par contre, on ne recrute plus pour le moment… mais ça nous arrive parfois dans l’année, alors stay tuned
Okay, je resterais attentive !
Continuez votre bon boulot en tout cas !