Un an après sa sortie nippone, le cinquième opus de la saga Project Zero débarquait pour Halloween dans nos contrées françaises. Ce Survival-Horror mystique promettait des conjurations d’esprits à l’aide d’un appareil photo, matérialisé dans ce volet par la mablette de la Wii U. Au travers d’un univers japonisant et inquiétant, les différents trailers présageaient une ambiance pesante et propice aux petites frayeurs appréciables pour les amoureux du genre. Les promesses ont-elles été respectées ?
Glauque Busters
Dans Project Zero, vous incarnez plusieurs personnages au cours de différents épisodes. Un modèle appréciable qui donne une dimension cinématographique aux premiers abords. Mais après avoir passé le didacticiel, on découvre un scénario plutôt commun. Vous voici au pied du mont Hikami : un ancien site touristique qui a viré au cauchemar il y a plusieurs années. Depuis le dérapage de certains rites traditionnels, l’endroit est devenu une destination réputée pour ses nombreux suicides. La montagne est donc remplie de fantômes, dont les lamentations incitent à se donner la mort. Dans un premier temps, vous incarnez Miu, une jeune enquêteuse du surnaturel. Elle fait ses premiers pas sur les conseils bienveillants de Hisoka, une medium expérimentée.
Pour ceux qui ce sont déjà aventurés dans les précédents volets de Project Zero, l’apprenti n’est autre que la fille de Miku, protagoniste du premier jeu. Elle s’est d’ailleurs installée au mont Hikami dans l’espoir de retrouver sa mère. Lorsque vous n’êtes pas dans la peau de l’adolescente, vous incarnez un auteur investigateur répondant au nom de Ren. Vous comprenez très vite qu’il est poursuivi par un cauchemar intriguant lié au mont Hikami. Les destins de ces deux histoires parallèles finissent par se croiser : Ren commandite à Hisoka une enquête sur ses rêves douteux, afin de percer le mystère sur tout ce brique-à-braque.
Au-delà du scénario qui les réunit, les personnages disposent tous d’une arme ultime : un appareil photo. Pour lutter contre les mauvais esprits durant leurs enquêtes en terrain hostile, votre héros peut conjurer les ectoplasmes en les prenant en photo à l’aide de la Camera Obscura (concept sacré et propre à la série des jeux Project Zero).
Vous l’aurez sans doute compris à la lecture de ce résumé, l’histoire met du temps à se lancer. Comptez au moins 3 épisodes (plus d’une heure et demi) pour commencer à apprécier le scénario. Petit hic donc d’un point de vue scénaristique. Pour la partie ambiance, on a vu mieux : le son n’est pas toujours pesant et certains détails graphiques paraissent désuets. Mais il faut avouer que les différentes références sont appréciables, et que pour un amoureux des ambiances mystiques et japonaises, c’est un véritable plaisir ! Si vous aviez aimé XXX Holic par exemple, vous vous laisserez facilement séduire par ce Project Zero. Autrement, le jeu bénéficie de personnages recherchés avec des histoires profondes. Un bon point pour Project Zero !
Spectre ou ne pas spectre…
Revenons-en à cette Camera Obscura… Avant de visionner les trailers du jeu, j’imaginais la présence d’une éventuelle réalité augmentée. Mais au final, la technologie n’est pas tout à fait là. Certains esprits et objets ne sont visibles que depuis l’écran de votre mablette (on pourrait qualifier cela de réalité augmentée virtuelle, si vous le souhaitez…). Le second écran joue les mêmes images que celles de votre télé, mais avec les items de l’appareil photo en plus. L’idée est plutôt bonne car, pour une fois, la manette mi-tactile de Nintendo trouve un véritable rôle dans un gameplay. Mais d’un autre côté, il y a beaucoup moins de valeurs ajoutées qu’on ne pourrait l’imaginer.
Grâce à votre appareil, vous pouvez non seulement attaquer les fantômes en prenant des clichés, mais aussi faire apparaître des éléments. Ainsi, si une porte verrouillée vous bloque le passage, il vous suffit de prendre en photo la poignée afin de percer le mystère sur son ouverture. Vous effectuez alors une révélation spectrale. C’est un indice sous forme de cliché qui vous indique où trouver la clé. Pendant les combats, la mablette permet de réaliser des coups critiques appelés « instants fatals ». Pour infliger des dégâts aux esprits maudits, vous les prenez en photo jusqu’à ce qu’ils lâchent un maximum d’orbes. Au bout d’un certain moment, votre écran sur la manette vous signale les moments propices aux coups magistraux. Mais votre flash doit recharger, et il n’est pas toujours prêt lorsqu’il le faut. Il y a donc une notion de timing assez intéressante voire palpitante dans les combats qui rajoute un peu de piment.
Même si le gameplay jouit de certaines bonnes idées, d’autres bugs et ralentissements assombrissent le tableau. En dehors du mode photo, votre personnage est pataud, lent, et s’en devient très vite agaçant. S’il s’agit ici d’un parti pris pour stresser le joueur, il faut avouer que l’effet est quelque peu loupé. Quand on recherche une clé depuis dix minutes, que le personnage a du mal à se déplacer et que la caméra tourne au ralenti, l’énervement s’installe…Ces erreurs sont d’autant plus frustrantes au regard des systèmes de gestion judicieux que propose Project Zero.
Cadavre exquis
A l’instar des bonnes idées précédemment citées, les systèmes de gestion sont tout aussi bien pensés. En conjurant les mauvais esprits, votre personnage se voit attribuer des points. Ceux-ci sont utilisés comme monnaie afin de vous procurer des items et d’augmenter vos compétences. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il y a de quoi dépenser ! Pour améliorer votre Camera Obscura, vous pouvez choisir d’upgrader la portée de vos attaques, ou encore leur puissance. Côté objets, vous retrouverez les traditionnels items de gain de vie, de réincarnation, de conjuration, et autres pellicules.
Dans Project Zero, les fantômes peuvent vous infliger des dégâts comme n’importe quel ennemi de n’importe quel jeu vidéo… à un détail près ! Vous êtes plus vulnérable en fonction de votre taux d’humidité. Si cela peut paraître étrange, c’est pourtant en parfaite adéquation avec la thématique majeure de cet opus : l’eau. En effet, elle est omniprésente tout au long de votre périple vidéoludique (décors, vision, météo, et j’en passe…). Des objets sont donc mis en vente pour faire redescendre votre jauge si vous êtes trop mouillé.
Côté Camera Obscura, on trouve également de multiples objets à lui attribuer. On peut ainsi choisir un type de pellicule à utiliser (plus ou moins puissant) et élaborer des tactiques pour conjurer les esprits maudits au plus vite. En plus de cela, vous ferez l’acquisition de différentes lentilles à assigner à votre appareil dans le menu. Elles donnent l’opportunité de réaliser des attaques spéciales comme repousser les ennemis, ou regagner de la vie lorsque vous infligez des dégâts. En bref, tout le système de gestion est impeccable : les petits clins d’œil à l’univers photographique sont appréciables et s’inscrivent parfaitement dans l’univers du jeu. Mais malgré tous ces dispositifs, les combats restent assez répétitifs et on a l’impression que tout ce temps passé dans les menus n’a pas été utile…
En dehors de la boutique de votre menu (seulement disponible avant de lancer un chapitre), vous pouvez aussi trouver des objets en vous baladant…Si vous en êtes autorisés ! Pour retrouver votre chemin dans les niveaux, vous pouvez activer la vision des traces. Un spectre apparaît et se déplace pour vous indiquer le chemin à suivre. S’il est agréable de retrouver la bonne direction, il est beaucoup moins appréciable d’y être parfois cantonné, laissant ainsi peu de place à l’exploration. Mais les occasions de rechercher des objets sont tout de même là, et peuvent même être perturbées par l’apparition soudaine d’une main ectoplasmique.
Conclusion
Au-delà du gameplay discutable et des séances de conjuration semblables les unes aux autres, Project Zero déçoit également par le manque de recherche et la quasi-absence d’énigme. Ce sont pourtant deux éléments fortement appréciés dans le genre survival-horror, permettant également de renforcer la pression d’une ambiance. En plus de ces déceptions, on se sent très vite bloqué par le scénario (« MAIS LAISSE MOI MONTER CE P***** D’ESCALIER ! »), avec un seul et même objectif à chaque épisode : tuer le méchant fantôme du chapitre. Même si l’univers est enivrant, l’histoire demeure peu originale.
Heureusement et paradoxalement, les personnages de Project Zero ont été travaillés avec beaucoup profondeur (l’histoire de certains fantômes sont tout simplement géniales !), et les systèmes de gestion sont bien pensés. Bien que pataud, le gameplay regorge de bonnes idées, mais reste répétitif. Avec des mouvements plus réactifs, des interactions un tantinet plus diversifiées, et une bande-son mieux organisée, Project Zero aurait pu gagner en crédibilité dans l’effroi. Si vous cherchez la peur, elle n’est pas ici.
Les +
- Un univers stylisé avec goût
- De bonnes références à la photographie
- Des menus et systèmes de gestion bien pensés
- un bel artbook dans l’édition limitée !
Les -
- Un gameplay lourd et agaçant
- Des sensations de répétition
- De mauvais jeux de son
- Des graphismes parfois approximatifs
Date posted: 20 novembre 2015