Un séjour à la montagne ça vous dit ? La neige immaculée, le vent glacé caressant votre peau qui serait ensuite tendrement réchauffé par la douce lueur d’un feu de cheminée. Attendez, sur la brochure il est écrit « frissons garantis » …
ET … ACTION !
Le 26 août 2015, Supermassive Games sortit son tout dernier jeu en exclusivité sur PlayStation 4 : Until Dawn (jusqu’à l’aube). Édité par Sony Computer Entertainment, ce survival-horror narratif devait à la base sortir beaucoup plus tôt. En effet souvenez-vous, le titre fut annoncé pour la toute première fois à la Gamescom de 2012. Prévu à l’origine pour le système PlayStation 3 avec un gameplay basé sur le PlayStation Move, les créateurs du jeu ont alors décidé qu’il serait plus judicieux de développer le titre sur PlayStation 4 afin de profiter des meilleures capacités de la console. Cette rallonge permettrait de donner plus de profondeur au jeu et à l’immersion tant désirée. En tout Until Dawn aura bénéficié de 5 ans de développement.
Présenté directement comme un film d’horreur interactif de type slasher (sous genre du cinéma d’horreur mettant en scène les meurtres d’un psychopathe ayant une préférence pour les armes tranchantes), Supermassive Games fait la promesse de plonger le joueur dans film d’horreur dans lequel il sera acteur. Pour se faire le studio s’est entouré de professionnels aguerris : Larry Fessenden et Graham Reznick, tous deux scénaristes de films d’horreur, le compositeur Jason Graves (Dead Space, Tomb Raider, The Order: 1886 etc) et un casting solide (Hayden Panettiere nominée au Golden Globe pour Heroes et Nashville), Rami Malek (Night at the Museum, The Twilight Saga: Breaking Dawn Part 2, Need for Speed) et Brett Dalton (Marvel’s Agents of S.H.I.E.L.D.).
BONSOIR CINDY
Le jeu nous accueille par un bel écran titre où l’on peut observer le visage d’une jeune fille parfaitement modélisée en 3D. Si les graphismes du jeu sont à la hauteur de cette seule animation, la suite promet d’être belle. Notons que trois décors apparaissent en transparence à côté du personnage, des lieux principaux de l’intrigue ?
Quand vous démarrez une nouvelle partie, une première cinématique d’introduction présentera le concept du jeu : vos choix, votre histoire, illustrés sous la forme du galvaudé effet papillon. Rappelons que l’effet papillon est une métaphore de la théorie du chaos, relatant la relation de cause à effet dont les conditions initiales sont déterminantes.
Le jeu démarre. Le décor est planté, huit adolescents dans le chalet de la famille Washington, une embrouille dans l’air, à l’extérieur un inconnu tenant une machette ensanglantée à la main.
Le jeu se découpe en 10 épisodes. Je peux vous révéler qu’il y aura trois intrigues en parallèle mêlant le surnaturel aux croyances amérindiennes et l’horreur dans toute sa puissance. Elles ont toutes un lien avec l’histoire principale. Afin d’y voir plus clair et selon votre degré de curiosité, vous pourrez fouiller et collecter des indices au fur et à mesure de votre progression. Certains indices débloqueront les séquences d’une mystérieuse vidéo. Tous les indices et objets collectés seront disponibles dans votre menu.
Qui dit slasher implique des morts violentes et sanglantes, et comme le but du jeu sera de survivre, il est important de pouvoir un minium s’attacher ou du moins connaître les protagonistes de l’histoire. Car tout au long de l’aventure, vous incarnerez tour à tour les 8 personnages. Ils sont typiquement des stéréotypes d’adolescents américains. Les scénaristes du jeu l’assument d’ailleurs complètement. Vous avez le « beau gosse » arrogant, le sportif, la pouffe, le bon pote, la pimbêche etc. Chacun possède son identité visuelle et sera parfaitement reconnaissable. Rien de bien original donc mais là n’est pas le but. D’ailleurs je tiens à dire que personnellement seuls SAM, CHRIS, MATT m’ont donné le goût de les sauver. Néanmoins l’équipe a désiré aller plus loin. En effet chacun possède sa personnalité et celle-ci est illustrée dans votre menu. Mais le jeu vous donne la possibilité selon vos actions, d’influencer leur caractère ainsi que leur relation et donc les discussions qui en découlent. Pour autant le changement n’apparait qu’au travers de certains dialogues. On ne comprend pas pourquoi certains choix influent tel ou tel trait de caractère, on aimerait voir plus de conséquences réelles par exemple au niveau des actions des personnages ou même du scénario directement. Une belle idée pas assez aboutie dans l’exécution. Il faut vraiment refaire plusieurs fois le jeu pour remarquer les différences, et encore.
Au niveau de la durée de vie compter entre 8 et 12h pour terminer le jeu. Bien sûr étant un jeu narratif, plusieurs fins sont possibles, à vous de toutes les découvrir. Si vous êtes amateurs de trophées, prévoir entre 2 et 3 parties pour tous les avoir. La rejouabilité du jeu tient dans le fait d’essayer d’autres choix dans une nouvelle partie, de sauver ou de tuer tout le monde (oui c’est possible ), si cela n’était pas le cas la première fois. Vos débloquerez également d’autres scènes d’actions si vous réussissez ou échouez certains QTE majeurs.
ATTEND C’EST DU VRAI SANG … ?
Affichant du 30FPS secondes, la qualité graphique d’Until Dawn est très respectable. Entièrement réalisé de nuit, le ton froid des couleurs sied parfaitement aux différents environnements sombres et glacials. La modélisation des personnages, particulièrement les visages, est véritablement le point fort du jeu. En effet, ayant travaillé avec de véritables acteurs, la technologie de motion-capture fut utilisée afin d’atteindre le plus de réalisme possible. Le moteur graphique de Killzone Shadowfall couplé aux capacités de la Playstation 4 offre un jeu de lumières, de particules et de textures très propre.
Malheureusement il existe quelques points noirs au tableau, notamment l’animation et la modélisation des mains. En effet quand vous devrez réaliser certains mouvements à la première personne (attraper un objet, gratter une allumette etc.) le mouvement de la main et des doigts est plus que robotique. Ça rappelle presque Shenmue…
Les environnements variés parcourus seront aussi à la hauteur de l’ambiance. Un but commun : vous mettre mal à l’aise. Vous évoluerez dans des couloirs sombres, des dédales de pièces lugubres puis tout d’un coup arriverez dans un immense espace froid où vous vous sentirez tout petit. La sensation couloir s’oublie assez vite et laisse place à un petit labyrinthe mental.
ATTENTION À LA CHUTE
Le gameplay est en parfait adéquation avec le style de jeu. Très similaire aux titres de Quantic Dream, vous ne trouverez ici aucune barre de vie ou d’arbres de compétences. Le jeu slalome entre les phases d’exploration (longues au début), de QTE, les cinématiques, les dialogues et les moments de choix. Vous rencontrerez également quelques phases de tir à la troisième personne utilisant les boutons L2 et R2. De la curiosité et un minimum de réflexes suffiront.
Faites bien attention à vos choix. Si certains ne sont pas décisifs la plupart le sont et vous ne pouvez pas retourner en arrière, à moins de tout recommencer.
La prise en main intuitive pourra se faire en quelques minutes à peine, en effet, les contrôles et actions à faire restant très minimalistes. Concernant la caméra, elle imite les plans cinématographiques du genre d’horreur. Rigide et souvent située dans des angles gênants, cette alliée de choix renforce le sentiment d’anxiété et de frustration.
J’AI ENTENDU DU BRUIT
Composée par Jason Graves, la bande son du jeu est bien réussie. Émotionnelle et intense selon la situation, elle se compose de thèmes d’ambiance très efficaces. Vous pourrez également entendre d’autres musiques telles que la Suite 1 pour violoncelle de Bach. De plus, les effets sonores sont parfaitement convaincants. La musique d’introduction, tout simplement sublime, est une ancienne chanson de type folk américain dénommée « Oh Death » interprétée par Amy Van Roekel. Elle aurait été écrite au début du 20ème siècle et raconte une conversation avec la mort. Reprises de nombreuses fois vous l’aurez déjà sans doute entendue dans le film O Brother, Where Art Thou? ou la série Supernatural.
Petit détail en plus, le jeu a bénéficié d’un beau buzz sur le net. Il a même été classé numéro 1 des tendances Youtube pour le mois d’Août.
CONCLUSION :
Until Dawn réussi son pari immersif. Le jeu nous plonge complètement dans l’atmosphère d’un slasher pour ados où tous les codes de l’horreur sont présents. L’ambiance froide et mélancolique s’illustre grâce à la réalisation graphique et musicale. Lent à démarrer, il faudra attendre le chapitre quatre pour vraiment rentrer dans le vif du sujet. Par la suite toutes les pièces du puzzle s’imbriquent parfaitement les unes aux autres et on a envie de connaître la suite. Il ne faut pas oublier que la volonté des créateurs n’étaient pas d’innover, mais de rendre hommage et de plonger le joueur dans un véritable film d’horreur. Si vous aimez le genre et les jeux narratifs, ce jeu est fait pour vous !
Les plus :
- Du stress garanti
- Une réalisation graphique convaincante
- Un casting bien choisi
- Un scénario efficace
- Le système des totems
Les moins :
- La synchro labiale FR laisse à désirer
- Les animations en vue 1ère personne
- Influence des caractères pas aboutie
- Trop de jumpscare tue le jumpscare
- Lent à démarrer
Alors prêt(e) pour une virée hivernale à Blackwood Pines ?
Robert Carcasse
Date posted: 13 septembre 2015
J’ai vu le let’splay sur la chaîne de [NoPub], la fin du jeu m’a vraiment surprise.