Fin février, réunion édito avec à l’ordre du jour la répartition et le choix des prochains jeux et sujets à traiter chez Les Gameuses. Bien évidemment, chacune à sa spécialité dans cette rédac, c’est normal. Calli a ses nintendoteries, Kasilla gère les bons gros blockbusters, et puis, il y a ma pomme. Comme vous avez pu le constater, je suis généralement la caution « Japon & bizarreries ». C’est donc tout naturellement que je saute à pieds joints pour le test de Senran Kagura Burst.
Mais là, de vous à moi, lecteurs, je crois que je peux vous avouer un truc : jamais je n’ai autant ressenti mon côté « Otaku crasseuse » transpirer par tous les pores de ma peau qu’avec ce jeu. En plus, le drame, c’est que le jeu, en lui-même, n’est pas topissime.
Il y a quand même une intrigue à la base de tout cela, basée sur un pan d’histoire du Japon un peu nébuleux pour le non-inité, l’Epoque Edo, à base de guerres de pouvoir intestines entre les clans et le shogunat. Pour pouvoir satisfaire leurs ambitions sans pour autant se compromettre, les daimyos (seigneurs locaux) font appel aux clans de shinobi pour faire le sale travail. Les siècles passant, cette pratique s’est bien évidemment clairsemée, sans pour autant disparaître. Les protagonistes de Senran Kagura sont les héritières de cette époque, préservant le côté honnête de cet art séculaire. Cela étant bien trop propret sur soi et trop pipou, la contrepartie aux objectifs louches viendra vite chercher des noises à nos héroïnes et les deux bandes passeront l’intégralité du jeu à se bastonner. Mais pour le joueur, ça sera surtout un festival de tissu qui oubliera vite de recouvrir les formes fort généreuses des protagonistes. Découvrir le plus de peau possible est semble t-il, le leitmotiv latent du jeu.
Bon, en même temps, je ne sais pas trop s’il faut s’attendre à quelque chose de la saga Senran Kagura quand on sait que ce genre de goodies existent (Ah pardon, il est vrai qu’une licence aussi sérieuse que Fire Emblem a elle aussi eu ses instants de dérives. Bon.).
Le jeu passe son temps à étaler tout ce que le Japon a de meilleur en terme de fétichisation : uniforme et maillots de bain scolaires, shimapan pour shima-pantsu, littéralement culottes à rayures, un must-have dans le kit de la parfaite idole moe, nekomimi et j’en passe. Mais le jeu ne s’arrête pas aux codes vestimentaires, loin de là, et n’hésitera pas à dévêtir ses héroïnes de manière peu subtile et faire passer ça pour un élément de gameplay ! Bravo Japon, tu ne t’encombres même plus de finesse !
Chacune des filles dispose d’une tenue de lycéenne et d’une tenue de shinobi et peut passer de l’une à l’autre dans une séquence digne des meilleures transformations de magical girl à base de plans flatteurs et plein de raffinement. Sailor Moon, à côté, c’est de la gnognotte, les copains. Yup.
Ces transformations aguicheuses ont pourtant un véritable intérêt dans le (faible) gameplay du jeu puisqu’il octroie à nos shinobis en herbe plus de puissance d’attaque et des coups spéciaux supplémentaires, parfois utile à la réussite d’une mission. Car marteler la touche X n’est pas le moyen le plus efficace de mener à bien les nombreuses missions du jeu, d’autant plus qu’elles sont très répétitives et consistent principalement à battre un nombre d’ennemis donné/à récupérer un objet précis… après avoir tatanné un nombre d’ennemis donné. Vous n’arriverez qu’à vous déclencher une tendinite du pouce droit à ce rythme.
D’autant plus que le jeu vous imposera de maîtriser tous les personnages et de les faire monter de niveau de manière régulière. En effet, pas question de finir le jeu avec votre petite chouchoute, car certaines missions sont à compléter avec un personnage précis. Lâcher la très tsundere Katsuragi et ses pantsushots fut par moment un véritable déchirement.
En termes purement techniques, le jeu est plutôt faiblard. Si la séquence d’introduction animée est de bonne facture et le cel-shading des personnages plutôt agréable à l’œil, le reste du jeu pêche un peu. Le framerate est démentiellement faible, avec pour conséquence directe une impression de lag quasi permanent, encore plus présent durant les séquences de transformation et dans les déplacements hors missions. La direction artistique, bien que correcte, n’est pas spécialement réjouissante et surtout, les environnements ne sont pas très variés. Il dispose néanmoins d’un doublage japonais de qualité et surtout d’une bande-son adaptée à toutes les situations. Les thèmes plutôt rythmés et rock des post-transformations sont un vrai petit plaisir à écouter pendant que vous boxez des salves d’ennemies.
Mi-visual novel, mi beat’em all, Senran Kagura s’adresse donc de base à un public très ciblé d’otakus amateurs de fanservice. Si on réussit à faire exception – difficilement, certes – de cet excès ambiant d’exposition mammaire, il reste un jeu décent pour de courtes sessions, le temps de boucler deux à trois missions. Mais il ne faut pas chercher de grands manigances et de retournements de situation manichéen dans ce jeu. En même temps, ça tombe bien, je crois qu’on n’a jamais espéré ça de lui.
Mais bon, Japon, essaye de ne pas recommencer ce genre de choses, s’il te plait. Moi, je le prends bien, mais c’est quand même un peu limite.