[Test] Pokkén Tournament

Qui l’eut cru ? Il y a quelques temps, Namco Bandai (Tekken, Soulcalibur, Naruto Shippuden…) et la Pokémon Company se rapprochent, en vue de développer un nouveau  jeu Pokémon. Bien loin du registre RPG souvent associé à la saga, l’objectif est de créer un jeu de combat. En juillet 2015, Pokkén Tournament voit le jour dans les salles d’arcades japonaises et fait des jaloux en occident. Mais très vite, les fans européens et américains sèchent leurs larmes et découvrent la date de sortie du titre sur Wii U, prévue pour le mois de mars 2016. Alors : fallait-il sortir Pokkén Tournament des salles d’arcade nippones ?

« Pokémon utilise Action ! C’est super efficace ! »

Vous l’avez donc compris, le tour-à-tour n’est pas au programme de Pokkén Tournament ! Pendant les combats, les Pokémon s’affrontent au travers de prises, coups bas ou directs et autres traditionnels « contres », bien connus des amateurs du genre. La recette du jeu de combat a été respectée à la lettre et a même été agrémentée de quelques innovations, notamment au travers d’un système de phases intéressant. Son principe est à la portée de tous, même d’un Pichu fraîchement sorti de son œuf : les combats démarrent en phase éloignée et, selon les coups placés ou le temps écoulé, les joueurs peuvent passer en phase rapprochée pour optimiser leurs dégâts. Chacun de ces « modes » a sa spécificité et permettent ainsi d’adopter des « stratégies ».

Au cours de cette première phase appelée « terrain », les déplacements des personnages sont plus fluides, permettent d’esquiver facilement les attaques adverses et de placer des coups distants. Pendant celle-ci, il est possible de ramasser des prismes de synergies afin de remplir votre jauge de spécial. Une fois pleine, votre Pokémon peut passer en mode « berserk », augmentant ainsi la puissance de ses coups et le rendant quasiment invincible. De prime abord, le principe semble aussi séduisant qu’un Tadmorv se déhanchant sur un tas de détritus… Et pourtant, la course aux prismes de synergie rappellera à certains les nombreuses heures passées sur Power Stone, à récupérer toutes les gemmes pour en mettre plein la tronche à son adversaire une fois transformé. Dans Pokkén Tournament, l’attaque spéciale déclenchée pendant ce mode « berserk » est tout aussi jouissive que dans le titre paru sur Dreamcast dans les années 2000.

Heureusement que cette phase permet de pimenter les combats, car du côté de la phase duel, c’est loin d’être la folie. A l’instar de l’éloignée, celle-ci permet d’infliger plus de dégâts au corps à corps. Certaines attaques diffèrent mais concrètement ce sont à peu de choses près les mêmes. Outre la puissance décuplée des attaques, la phase rapprochée n’a pas d’attribut particulier. Elle se veut simple et efficace pour donner aux amoureux de jeux de combat des phases propices aux combos. Malheureusement, les attaques sont aussi fluides que le périphérique parisien en fin de journée. Mesdames et messieurs adeptes des enchaînements, vous voilà prévenus ! Le système de phase était une bonne idée, mais au fil des parties, on perd de vue l’intérêt du système qui aurait pu être placé de manière plus discrète et implicite avec un éloignement ou un rapprochement de caméra…

A côté de cela, on note tout de même de bonnes idées, notamment au travers de la présence de duos d’alliés. A chaque Round, vous pouvez choisir un compagnon qui interviendra pendant le combat. Lorsque votre jauge de compagnon est pleine, Emolga peut faire une rapide apparition pour ralentir votre adversaire. A l’inverse, d’autres partenaires boosteront vos capacités ou feront tout simplement une attaque. Ça sent un peu le réchauffé mais ça a le mérite d’exister et de parfois pimenter les combats ! Heureusement, d’autres mécanismes sont là pour dynamiser le gameplay de Pokkén Tournament qui manque de fluidité.

« Un jour je serai le meilleur joueur »

Heureusement que Pokkén Tournament a plus que des combos à offrir ! Car franchement, on est loin de la mécanique bien huilé d’un Soulcalibur… Les développeurs ont donc pensé à d’autres systèmes pour varier les plaisirs et sortir un peu des codes traditionnels du jeu de combat. En dehors des duels, vous pourrez perfectionner les compétences de vos Pokémon dans une sorte de campagne. Dans le mode solo, vous participez à des tournois en vue d’améliorer votre rang et de récolter de nouveaux titres. Vous démarrez en ligue verte, la plus facile, jusqu’à atteindre le sommet pour affronter des adversaires plus expérimentés. Dès que vous achevez un combat, votre Pokémon acquiert de l’expérience et à chaque niveau supérieur, vous pouvez lui attribuer un point de compétence permettant d’améliorer la défense, l’attaque, le temps de chargement de votre jauge de synergie ou de compagnon. Pour les amoureux de Pokémon, c’est un véritable plaisir de profiter de ce clin d’œil aux jeux sur consoles portables Nintendo. Si vous avez le « level-up » dans l’âme, Pokkén Tournament saura amplement vous satisfaire.

Cet aspect stratégique se retrouve également dans un menu de gestion de votre équipe, où vous organisez vos tactiques. Dans celui-ci, vous pouvez sélectionner un autre Pokémon principal, mais aussi organiser vos duos d’alliés à appeler pendant les combats. Ainsi, si vous souhaitez combattre avec un Pokémon peu performant en attaque, vous pouvez choisir des compagnons qui contre-balanceront cette faiblesse. Outre la partie stratégique, le menu propose d’éditer son profil : personnalisation de l’avatar, de la phrase de présentation, du titre, bref, il y a de quoi faire ! Alors que vous aurez besoin d’argent pour améliorer votre look, vous devrez réaliser des achievements pour décrocher de nouveaux titres. Dans les deux cas, il vous faudra combattre en mode solo pour arriver à vos fins, mais aussi pour remporter d’autres assets comme de nouvelles arènes de combat.

Verdict

Au cours d’une soirée, si vous proposez une partie de Pokkén à de véritables amateurs de combats, ils reprocheront au jeu des mécanismes rouillés et peu dynamiques. De l’autre côté de la salle, les fans de Pokémon seront heureux d’incarner des Pokémon emblématiques dans des combats divertissants avec de véritables clin d’œil à la célèbre saga. Malgré tout ce qu’on peut lui reprocher, Pokkén Tournament se veut accessible et se montre assez complet dans son portage sur console, avec ses modes multijoueurs en ligne, en local et solo. Loin du terrain RPG, les Pokémons ont su exploiter un nouveau registre en respectant ses codes tout en apportant des variantes appréciables. Côté réalisation, les graphismes ont clairement été négligés (textures pauvres, animations dynamiques mais grossières) et sont susceptibles de causer de nombreux cancers rétiniens chez les amoureux de Pokémon. en bref, Pokkén Tournament vaut le détour si vous n’êtes pas un puriste du jeu de combat. Dans le cas contraire, passez votre chemin !