Made in France
Life is Strange c’était mon gros regret à l’heure de faire le bilan de l’année 2015. Tout le monde en parlait et moi je n’avais pas eu le temps d’y jouer. En plus, j’ai pour habitude de prendre mon mal en patience en ce qui concerne les jeux à épisodes et d’attendre que toute la saison soit sortie avant de commencer, histoire de ne pas succomber à la frustration. Alors quand ma stagiaire m’a offert une carte PSN de 20€ je me suis jetée sur le season pass. J’ai tellement aimé que j’ai fais le jeu 2 fois de suite dans la foulée…
Life is Strange est un jeu développé par le studio français DONTNOD Entertainment. Basé à Paris, DONTNOD développe des jeux vidéo pour consoles et PC à partir de concepts originaux et de technologies innovantes. On les connait pour leur précédent jeu Remember Me, qui malgré un concept intéressant, basé sur les souvenirs, n’avait pas eu un grand succès commercial. Aleksi Briclot, illustrateur connu pour son travail sur Magic et Spawn, est co fondateur du studio et directeur artistique. Lors de mon premier reportage au Tsume Fan Days, en 2013, j’avais d’ailleurs eu la chance de l’interviewer et il nous confiait toute l’aventure humaine autour de la création du studio.
Time is running out
L’histoire vous place dans la peau de Max Caulfield, une étudiante de 18 ans. Au début du jeu, elle se retrouve seule, perdue en pleine tempête, face à une immense tornade. Elle se réveille ensuite dans sa salle de classe, en cours de photographie, un peu déboussolée. Le jeu place rapidement le décor de la vie étudiante américaine, avec les décorations d’Halloween, les profs mignons, la rivale pouff, l’équipe de football américaine, on s’y croirait… En allant se rafraîchir aux toilettes, Max assiste impuissante au meurtre d’une jeune fille. Elle fait un geste de la main et se retrouve à nouveau dans sa salle de classe. Elle découvre qu’elle a le pouvoir de remonter dans le temps. Accompagnée de sa meilleure amie Chloé, elle va se servir de sa nouvelle capacité pour mener l’enquête sur la disparation d’une ancienne élève et faire face à un dérèglement climatique.
Un grand pouvoir implique… de grosses emmerdes
Life is Strange est un jeu narratif, contemplatif, qui reprend un peu le principe de l’effet papillon déjà abordé dans Until Dawn. Au cours de votre enquête, vous serez amenés à faire des choix (de plus en plus difficiles) qui influeront sur la suite de l’histoire.
Une partie du gameplay repose sur la capacité de votre héroïne à rembobiner le cours du temps. Grâce à cela, vous pourrez résoudre de petits puzzles, dire aux autres ce qu’ils veulent entendre ou tout simplement revenir sur un choix que vous avez fait. Ce n’était peut être pas une bonne idée de dénoncer ce personnage, il cherchera peut-être à se venger, et si vous gardiez le secret ? Quelque soit votre choix, Max doutera, et vous douterez avec. Mais pas de soucis, en cas de doute, vous pourrez toujours revenir en arrière.
Quand il n’est pas question de remonter dans le temps, il faudra explorer, fouiller, discuter à la recherche d’indices. En tant que future photographe, Max pourra également immortaliser certaines scènes et les placer dans son précieux journal. Un gameplay très simple et accessible à tous.
De plus, le jeu regorge de petites références à la culture geek, qu’on peut retrouver dans le journal de Max (pas moins de 70 pages, avec des remarques parfois savoureuses) ou dans des décors comme sur les plaques d’immatriculation des voitures.
We were youngers
Ce qui fonctionne immédiatement avec Life is strange, c’est que dès le début, il arrive totalement à vous emporter. Grâce aux sublimes musiques (je ne me lasse pas d’écouter les morceaux de Syd Matters), son doublage accrocheur, aux graphismes style dessinés, à son ambiance, son système de choix, le joueur devient complètement acteur et vit l’aventure.
L’héroïne, Max, correspond tout à fait à l’étudiante d’aujourd’hui, un peu naïve et effacée, geek sur les bords, loin des clichés des héroïnes de jeux vidéo actuels. Ce personnage est ainsi très convainquant et on s’attache immédiatement à elle et il est très plaisant de la voir gagner en assurance au fil des épisodes. Les autres personnages peuvent paraître stéréotypés au départ : Chloé (=punk et rebelle), Victoria (= peste et prétentieuse), Kate (=pure catho) mais quand on creuse, ils ont tous leurs failles et leurs histoires et on se rend compte qu’ils sont également loin des clichés habituels. Encore une fois, on tort le cou aux idées reçues.
Life is strange est également un jeu qui se savoure, où il est bon de prendre son temps. Tout d’abord pour explorer les environs et ainsi découvrir des indices ou informations sur les différents personnages. Mais aussi pour s’arrêter, le temps de s’asseoir sur un banc, d’observer le paysage, d’écouter un fond sonore qui vous emporte et les pensées de votre héroïne et choisir de reprendre votre aventure quand bon vous semble.
Là où Life is strange fait fort également, c’est qu’il amène de façon subtile, en laissant le joueur se faire sa propre opinion, des thèmes de société, très rarement abordés dans le jeu vidéo.
Le lieu principal de l’action, l’école, amène en effet des sujets sensibles comme la drogue, la violence ou plus précisément le harcèlement, devenu encore plus important avec l’arrivée des nouvelles technologies. Que l’on soit victime ou coupable, le jeu traite avec justesse les sentiments ressentis et les conséquences que peut avoir une tel comportement. C’est là un moyen subtil de faire passer un message aux jeunes générations ou de rappeler des souvenirs à l’ancienne. Qui ne s’est pas souvenu de ses années de collège/lycée en jouant à ce jeu?
La volonté des développeurs de faire passer un message va au delà du jeu vidéo puisque sur le site du jeu, on retrouve une partie consacrée à des numéros d’appels pour aider les victimes. Sur Twitter, les utilisateurs sont invités à poster une photo avec le hashtag #everydayheroes (reprenant le thème du concours photos auquel peuvent participer les étudiants dans le jeu) au profit d’une association de lutte contre le harcèlement, l’auteur de la plus belle photo se verra même remettre une bourse d’étude ! Ou quand le jeu vidéo rime avec générosité. Le prochain qui me dit que le jeu vidéo rend con, je l’entarte!
De manière générale, le jeu traite du passage, souvent douloureux, de l’adolescence à l’âge adulte. Ainsi on retrouve plusieurs problématiques liées à ce thème.
Les filles repensent nostalgiques à l’époque où elles étaient enfants et jouaient aux pirates, insouciantes, désormais elles ont des responsabilités.
La question de l’identité sexuelle est amenée de manière très subtile également, l’adolescence étant l’âge des expériences, celui où on se cherche, et on peut se poser des questions quand à l’intensité de la relation entre Chloé et Max. Là encore, les développeurs vous laissent le choix !
Max devra apprendre également qu’elle ne peut pas tout réparer, que la réponse parfaite n’existe pas, qu’elle doit assumer et prendre ses responsabilités. Vous savez quand on se dit à soi-même « si j’avais su, j’aurai dit ou fait ça ».. et bien il faut assumer ses choix ! C’est, je pense, une des morales du jeu, il faut assumer nos choix, ne pas regarder en arrière et quelques soit nos choix, ils ont tous des conséquences.
D’autres thèmes plus généraux sont également abordés comme la violence conjugale, le deuil ou encore l’euthanasie. De quoi vous faire vivre un vrai tourbillon d’émotions..!
En conclusion
Énorme coup de cœur pour Life is Strange. Ce jeu m’a totalement transporté, happé, captivé (placer d’autres synonymes ici). Pour moi, un bon jeu, ça doit être plus que d’appuyer bêtement sur des boutons. J’aime quand un jeu me fait vivre une histoire et ressentir des émotions. Cela a été le cas avec Life is strange, j’ai ressenti de la nostalgie, de la joie, de la peine (oui j’ai pleuré!), quelle aventure intense !
Life is strange est une des meilleurs aventures vidéoludiques qu’il m’ait été donné de faire de ma vie de gameuse. Un must have, obli-ga-toi-re! Merci DONTNOD.
Les Plus
+ Narration et mise en scène intense
+ Des thèmes rarement abordés dans le jeu vidéo
+ Une qualité dans la bande son et les voix irréprochables
+ Un jeu qui fait réfléchir et se sentir nostalgique
+ Un duo de filles dans un jeu ! Et ça marche !
+ Pleins de petits détails qui apportent une valeur ajoutée (le journal, les photos, références culture geek)
+ Faut que je m’arrête…
Les Moins
- Je dirai challenge léger (quoique les bouteilles…)
- C’est moche de devenir adulte!
Date posted: 11 février 2016
Coucou. Personnellement, j’ai vraiment adoré ce jeu, je n’ai rien à dire dessus.