« Trouvez la fille et nous effacerons la dette »
Après avoir exploré Rapture – l’Atlantis des temps modernes – dans les deux opus précédents de la licence, il était temps pour 2K Games de changer pour une destination plus touristique. Fini les profondeurs abyssales inanimées et bonjour la caresse d’un rayon de soleil en pleine fête nationale : bienvenue à Columbia !
Un nouveau départ au Paradis
Nous sommes à l’aube du XXème siècle. Booker DeWitt, un détective criblé de dettes, est engagé pour retrouver une femme, Elizabeth, portée disparue depuis 15 ans et vraisemblablement détenue dans une ville flottante baptisée Columbia, bijou de technologie fondée par les Etats-unis afin d’asseoir la supériorité de la nation face au reste du monde. Mais l’opportunité stratégique d’un tel dispositif n’a pas échappé à l’armée, faisant de la cité un navire de guerre impliqué dans la Révolte des Boxers, un incident sanglant qui aura pour conséquence l’isolement et le rejet de la ville par l’Oncle Sam. Qu’importe ! Vous, votre objectif c’est de trouver la fille pour « effacer la dette ».
A fond dans les nuages
Après s’être plié au rituel du baptême, vous voici enfin au coeur de la cité aérienne. Columbia tranche littéralement avec la silencieuse Rapture sur plusieurs points : colorée, lumineuse, vivante, la ville regorge de détails sublimées par une direction artistique aux petits oignons. L’esprit steampunk cher à la licence est présent à chaque coin de rue, mixé à une architecture victorienne. Plus que par l’ambiance soignée, l’immersion est assurée d’une main de maître par une Elizabeth plus vraie que nature. La belle brune se révèle être totalement intégrée à l’environnement : il ne sera pas rare de voir Elizabeth s’asseoir en vous attendant, se laisser tenter par une barbe à papa ou bien se réchauffer auprès d’un feu. Touchante et frêle, on pourrait alors croire qu’il va être primordial de la protéger lors des phases d’attaque. HEUREUSEMENT QUE NON! Elizabeth est loin d’être bête et saura se mettre à l’abris elle-même. Elle se révélera être de plus une alliée bien utile (je ne vous en dis pas plus pour ne pas vous gâcher le plaisir). Gare cependant à Songbird – son geôlier - qui cherchera à tout prix à remettre l’oisillon dans sa cage, sous les ordres de Comstock, l’Andrew Ryan de cette nouvelle cité.
Sans en dire plus sur l’intrigue, sachez que celle-ci est bien ficelée et aboutit – après une quinzaine d’heures de jeu – à un final des plus réussis, le meilleur de la licence à mon goût. La seule ombre au tableau à ce niveau est la perte du choix : votre morale ne sera pas mise à mal par des choix cornéliens, l’aventure étant très linéaire. Un mal pour un bien à mon goût vu la conclusion qui vous attend.
Gameplay : la recette qui marche
Bioshock infinite s’appuie indubitablement sur la recette qui a fait son succès : un plasmide tonique en main gauche, l’artillerie lourde à droite et c’est partie pour la castagne ! Ajoutez à cela de nouvelles possibilités offertes grâce au crochet qui fera de vous le roi de la cabriole aérienne et surtout un homme grenouille (oui, je fais des bons de 3 mètres, normal…). L’arsenal aussi bien à gauche qu’à droite est complet : une belle palette de toniques, des armes variées et toujours la possibilité de les améliorer contre quelques deniers. Notez par ailleurs à bien choisir ce que vous souhaitez améliorer car même en flânant plus que raison dans les rues de Columbia (pour venir à bout des quelques quêtes secondaires notamment), je n’ai pas eu assez d’argent pour améliorer l’ensemble des équipements avant d’arriver au grand final. Sachez par ailleurs que les phases de combat sont entachées par une IA assez douteuse qui ne saura finalement que vous foncer dessus. Seuls les handymen peuvent se montrer coriaces.
Infiniment oui !
Quelques nouveautés bien senties, un ADN respecté et une nouvelle utopie (enfin uchronie ici) : Bioshock Infinite séduit et met tout le monde d’accord. L’aventure est prenante (bien qu’un chouillat trop courte), immersive à souhait et offre une conclusion…MAIS QUELLE CONCLUSION QUOI ! Si Rapture occupait déjà une grande place dans votre cœur, nulle doute que Columbia saura y trouver aisément sa place.
Inutile de vous préciser que je vous invite donc FORTEMENT à craquer si ce n’est déjà fait
Les plus
- Une immersion soignée à tous les niveaux
- Elizabeth
- Une fin magistrale
Les moins
- La perte du choix qui pouvait impacter sur votre histoire
- Une aventure un poil trop linéaire
- Une IA bof lors des combats
Dans les plus, j’aurais mis les Lutece
.
La perte du choix découle directement de la jonglerie narrative qui anime ce jeu. Je pense qu’il faut y voir l’affirmation que quel que soit les choix réalisés par Booker (le joueur), ils n’auront aucune réelle conséquence ni impact sur le déroulement des événements. Ces moindres différences se perdent dans le schéma global tissé par l’idée de multivers. Au final, le seul choix capable d’ouvrir cette boucle narrative est présentée dans la cinématique de fin et donc hors de portée des actions du joueur. C’est là que Ken Levine est malin, voire un peu trop, et se joue de nous en réalisant un Bioshock qui n’en est pas vraiment un sur le point de vue « moral ». Et ça, seuls les Lutece l’ont bien compris
J’ai vraiment adoré ce jeu qui reste pour moi l’un des tous meilleurs auxquels j’ai pu jouer cette année !
La note est méritée, j’ai personnellement, après y avoir beaucoup joué, énormément apprécié ce jeu. Une très belle réalisation … !