Après Animal Crossing : New Leaf, Nintendo lance sa licence villageoise sur un tout autre registre, bien qu’en ligne avec les précédents titres. Dans Animal Crossing Happy Home Designer, vous n’incarnez plus un maire, mais un architecte d’intérieur rattaché à la traditionnelle agence immobilière Tom Nook. Nul besoin de sortir votre bleu de travail, il vous suffira d’avoir bon goût et de répondre aux demandes de vos clients. Alors : finitions impeccables ou travail bâclé ?
De solides fondations
Dans les précédents opus de la série Animal Crossing, votre but était de développer la ville dont vous étiez maire au travers de plusieurs actions. Ainsi, vous financiez des projets publics (installation de bancs, fontaines, et tout ce qui pouvait satisfaire les habitants) ou collectionniez et attrapiez tout ce qui pouvait remplir le musée qui était vide à votre arrivée. En dehors de vos fonctions d’élus, vous décoriez votre home sweet home selon vos goûts avec les meubles et autres décorations achetées ou gagnées. Ce passe-temps redoublait d’intérêt puisque l’agence immobilière Tom Nook vous attribuait des points selon l’agencement de votre intérieur. En hommage à ce système, Nintendo se lance dans un titre dédié à la décoration : ainsi naquit Animal Crossing Happy Home Designer.
Vous voilà donc décorateur ! A peine arrivé, on vous commande déjà un ravalement de façade…De votre propre bouille. La couleur est annoncée : ce nouveau jeu est placé sous le signe du design. Après avoir sélectionné votre coiffure (coupe et couleur) et vos mirettes (forme et couleur également), vous faîtes face à votre premier client et partez directement chez lui pour démarrer le chantier commandé. Une fois sur place, vous découvrez un système de décoration simple, mais efficace.
Sur l’écran tactile, vous sélectionnez des items dans un catalogue et les disposez à votre guise. D’un simple clic, les meubles pivotent et en un glissement, vous les placez les meubles selon vos préférences. Enfin, à l’aide de la croix directionnelle, vous déplacez la caméra pour contempler vos œuvres, ou déplacez votre personnage pour vérifier l’ergonomie de vos installations. Comme à son habitude, Nintendo nous a donc concocté un gameplay on ne peut plus simple permettant de se concentrer sur la partie « décoration ». Un bon point pour le géant de Kyoto malgré quelques petits détails agaçants, comme l’impossibilité de bouger la caméra une fois dans le catalogue ou l’affichage aléatoire des descriptions des items.
A chacun son mauvais goût
Vous l’aurez sans doute compris, votre créativité est mise à la disposition de votre client qui ne se privera pas de vous imposer un thème. Ainsi, lorsqu’un habitant vous demandera une décoration « tout en bleu », vous veillerez à sélectionner des meubles en ligne avec les exigences de ce dernier.
Attention toutefois aux choix que vous effectuez ! Votre client n’est jamais très loin et réagit lorsque vous installez des items. S’il ne se plaindra jamais à haute voix (bienséance japonaise oblige), il montrera ouvertement sa joie en applaudissant, ou son adoration représentée par un cœur. Pour répondre parfaitement aux exigences formulées, il vous suffit donc de ne mettre que des meubles qui suscite l’intérêt du client. Malheureusement, à vouloir trop se plier à celles-ci, la décoration devient vite grossière, et le challenge n’est pas au rendez-vous. On a fait appel à votre créativité mais finalement, on a surtout besoin que vous exécutiez au service de…Pas grand chose.
Mais si vous disposez d’une connexion internet, vous préférerez publier vos créations sur le réseau communautaire (appelé JRC) afin d’obtenir un véritable retour sur vos œuvres. Vous pourrez d’ailleurs voter pour les décorations d’autres joueurs si vous les appréciez. Mais malheureusement, pas de mode multijoueur en ligne : c’est dommage, on aurait apprécié des collaborations sur les chantiers (« tu t’occupes de maroufler le papier peint, et moi je pose la parquet, ok ? »).
Les maçons du cœur
Les missions s’enchaînent les unes après les autres, mais jamais ne remplissent votre porte-monnaie. Pas d’argent donc, ni système de score : il vous faudra faire preuve d’imagination si vous êtes à la recherche de challenge… Ainsi, lorsque vous aurez terminé la restauration de l’école communale, attendez vous simplement à une éternelle reconnaissance témoignée par les habitants et les élus locaux (trop la classe, nan ?). Si le titre ne dispose pas du célèbre système d’achat et revente d’Animal Crossing, vos missions vous apportent néanmoins de nouveaux objets dans le catalogue, ainsi que des mimiques malheureusement dénuées d’intérêt (ah, mon personnage a souri…). Mais l’acquisition de nouveaux objets constitue un véritable plaisir, surtout quand il s’agit d’étaler votre créativité dans les missions « carte blanche ».
Mais l’absence d’un système monétaire se fait de nouveau ressentir avec l’incapacité d’acheter des articles pour vous-mêmes (accessoires ou meubles). En revanche, il existe une monnaie appelée « Pièce de Jeu » qui permet d’acheter des chapitres d’un rapport. Ceux-ci élargissent vos possibilités de décoration comme la création de motifs, ou l’agrandissement du catalogue. Mais encore une fois, cette devise ne se gagne pas en effectuant des missions, puisqu’il vous faudra marcher physiquement pour récolter des pièces. Petite déception donc sur la gratuité des services qui amoindrit la finalité de vos missions accomplies, rendant le challenge quasi-inexistant.
Malgré cela, les missions sont variées grâce à des personnages hauts en couleurs avec des demandes toujours plus farfelues : gothique, fan de pois ou bobo-écolo, les habitant sont tous originaux et permettent des créations diversifiées. Avec la centaine de cartes Amiibo permettant d’introduire de nouveaux clients, la durée de vie du jeu promet d’être honnête. Car en plus de vos missions avec les particuliers, vous serez amenés à user de vos talents sur des chantiers publics (hôpital, école, commerces…), sans compter les moments où vous souhaiterez refaire la décoration de vos précédents clients.
Conclusion
Si vous souhaitez être noté sur vos décorations d’intérieur, comptez plus sur les votes de la communauté en ligne que sur vos propres clients. Car on a l’étrange impression qu’en mettant le strict minimum syndical, ils finissent toujours par être satisfaits, et ç’en est bien dommage. Mais on ne se lasse pas pour autant d’enchaîner les ravalements de façade en intérieur comme à l’extérieur, et ce grâce à des demandes toujours plus loufoques. On aurait juste apprécié avoir sa propre maison et de pouvoir se balader en dehors du centre ville pour rendre visite à ses clients (mais merci quand même au taxi pour les trajets gratoss…). Au-delà de ces quelques déceptions, Animal Crossing Happy Home Designer saura parfaitement vous détendre et satisfaire votre appétit d’architecte d’intérieur. Verdict de l’état des lieux : menuiserie impeccable, mais finitions à améliorer.
Les +
- Les références à la franchise
- Un gameplay simple et efficace
- Un catalogue d’objets bien garni
- Des systèmes de personnalisations originaux et multiples (ex : choix de l’ambiance sonore)
Les -
- L’absence d’un chez-soi à décorer
- Une bande-son insipide et répétitive
- Pas de grand challenge ni de véritable finalité derrière les missions